La task force sanitaire belge instrument des lobbies pharmaceutiques
Philippe Destoky
« C’est une mauvaise loi qui est en vigueur. Elle est antimédicale, antisociale et crée un certain nombre de risques médicaux pour le patient, qui en est la première victime », Marc Moens, président de l’ABSyM, syndicat des médecins.
Faisant les poches des personnes pauvres en grande souffrance, j’avais décrit l’aspect inhumain de cette task force dans un article précédent « Crimes d’Etat ou Comment l’état belge planifie le suicide de plusieurs centaines de milliers de pauvres ».
Aujourd’hui, je démontre comment non seulement elle préserve l’impunité de l’industrie pharmaceutique et privilégie une approche au tout médicalisé où l’humain n’entre plus en compte, sauf au moment de payer. Mais que dorénavant tout le monde est soit malade, soit malade en devenir, et donc consommateur de médicaments. L’important, évidemment, étant que nous ne guérissions pas trop vite…
Parmi les témoignages et les informations reçus en retour de mon précédent article, j’ai sélectionné celui-ci provenant d’une psychomotricienne. Puisqu’elle précise « Publiez cela et je vais m’attirer les foudres… », je ne divulguerai donc pas les conditions de nos échanges ainsi que toute information personnelle pouvant permettre de la reconnaître. Appelons la « Clémence »« Publiez cela et je vais m’attirer les foudres… »
TEMOIGNAGE
« Je suis psychomotricienne relationnelle. Je travaille la relation. Mon travail est d’être en relation et exister et faire exister l’autre dans la relation, dans la résonance tonique et émotionnelle. Faire exister l’autre au travers de mon regard. Aller à la rencontre des enfants autistes et les faire exister, leur faire vivre des sensations, faire émerger leur propres désirs, faire susciter chez eux une envie… Un médicament et un gêne n’existent pas encore pour ces enfants mais aussi pour pratiquement tous les autres qui n’ont pas eu ou pas reçu ou reçu que de trop, le relationnel espéré lors de leur petite enfance. Nous sentons une tendance vers une société de résultat. Il faut du résultat dans tout et pour tout. Combien de temps pour soigner une dépression ? Ils veulent des chiffres et des statistiques, des réponses génétiques, de l’extraordinaire … Combien de temps pour soigner un autiste ? Cependant, la santé mentale et la remise en question d une fonction, qu’elle soit consciente ou non, demandent du temps et qui dit temps, dit argent. La santé mentale telle qu’elle est pratiquée en psychanalyse coûte trop cher à l’état mais donne des résultats. Le gouvernement préfère nous enfermer dans des camisoles médicamenteuses. Un psychanalyste fera émerger vos émotions, votre ressenti par ses questions, ses réflexions qui vous donneront la possibilité de penser ce qui fait sens chez vous.
Au nom du DSMi (mais sous le couvert des firmes pharmaceutique et tout le toutim), le gouvernement tend à nous faire croire que nous avons besoin de médicaments qui ne sont pas toujours nécessaires mais qui entraînent aussi des effets secondaires qui ne sont pas dit, toujours, aux patients … Certains médicaments pris au long cours peuvent nous mener à des envies suicidaires, à des déficits de croissance … Des expériences, faites afin de connaître le taux de suicide chez les schizophrènes, montrent qu’à partir de plus ou moins 40 ans on observe une large augmentation de suicide chez ces patients. Notamment la cause en serait la médication continue depuis leur adolescence et donc leurs effets secondaires car les sujets non médicalisés choisissent moins cette voie… De même que le taux de suicide est plus élevé pour des patients qui sont passé par l’hôpital psychiatrique à plusieurs reprises. Et oui… »
Une étude canadienneii indique que « La schizophrénie impose un important fardeau financier à ceux qui en souffrent, aux membres de leur famille et au système de soins de santé. En 1996, le coût direct total de la schizophrénie au Canada était estimé à 2, 35 milliards de dollars, soit 0,3 % du produit intérieur brut canadien ». « Cela comprend », précise d’autres sourcesiii, « le coût des soins de santé directs, les coûts administratifs des régimes d’aide au revenu, la valeur de la productivité perdue et les coûts d’incarcération attribuables à la schizophrénie. On estime que les coûts indirects de la schizophrénie représentent 2 milliards de dollars de plus par année. À l’échelle mondiale, près de 3 % du fardeau total des maladies humaines est attribué à la schizophrénie. »
En Belgique, les chiffres de l’INAMI tirait la sonnette d’alarme. « Les antidépresseurs ont connu une hausse de 65 % en dix ans en Belgique ! De manière générale, la consommation de médicaments est en hausseiv.
Comme chaque année, l’Inami a publié ses tableaux de bord pharmaceutiques. Les dernières statistiques disponibles sont celles de 2009 et Le Soir les a consultées et analysées. Résultat ? Sans surprise, la tendance reste à la hausse. En dix ans, le volume écoulé de spécialités sur prescription a augmenté de plus de 65 %, en Belgique : l’Inami comptabilise plus de 4,5 milliards de doses quotidiennes délivrées en 2009, contre 2,7 milliards en 2000.
Et si les médicaments cardiovasculaires restent, de très loin, les plus prescrits (41 % des doses délivrées dans les 5.250 pharmacies du pays), devant les spécialités gastro-intestinales (11,9 %) et neurologiques (10,2 %), le phénomène de fond, c’est la croissance continuelle des antidépresseurs… »
Désormaisi, ponctue Clémence, « l’autisme n’est plus une psychose mais un trouble du développement. » On parle de « trouble du spectre autistique, » de « vulnérabilité génétique. L’INSERM et ce Docteur (Monica ZILBOVICIUS, psychiatre et directrice de recherche à l’INSERM, Unité Inserm 1000) tentent de faire en sorte que l’autisme ne soit plus repris dans le traitement de la santé mentale mais que ce soit défini comme un trouble inné de handicap… Elle décrit les symptômes de l’autisme en démontrant qu’il y a des zones inactives chez les enfants autistes et pas chez les autres. Cependant, ce sont des doctorants qui font ces expériences et les résultats ne sont que trop peu recevables parce que pas expérimentés sur un panel suffisant dans la société. Elle ne parle pas du panel expérimenté ni du nombre, des âges, des races, de l’environnement… On observe aussi qu’elle fait une vidéo en essayant de nous convaincre de quelque chose, elle cherche ses mots parfois, elle est habillée avec son tablier blanc… La journaliste est cachée, on ne pourra pas l’interviewer par la suite. Les questions ont l’air d’être construites pour démontrer ce qu’ils sont sûrs d’avoir observé. Peut-être que si l’on fouille dans l’organigramme de l’Inserm on va tomber sur des financiers pharmaceutiques ? Un autiste ne sait pas faire des choix, ne sait pas préférer quelque chose c’est une question à laquelle il ne saurait pas répondre parce qu’il est enfermé dans les désirs de sa mère en général. Elle ne parle pas de relationnel, elle nie l’influence parentale et environnementale. C’est une description scientifique qui ne tient compte d’aucun des restes des facteurs… Bref, pour moi ce n’est pas recevable d’entendre des choses pareilles. »
IMPACT SOCIAL DE LA PSYCHIATRIE BIOLOGIQUE
D’un strict point de vue social, cette conception de la psychiatrie biologique a des répercussions fort importantes comme l’explique François Gonon.
« Directeur de recherche CNRS, neurobiologiste, il travaille à l’Institut des maladies neurodégénératives (IMN). Il a étudié pendant 35 ans la neurotransmission mettant en jeu la dopamine. Constatant l’écart souvent considérable entre les observations neurobiologiques et leur compte-rendu médiatique, il s’intéresse depuis 4 ans aux distorsions du discours des neurosciences. Il mène en parallèle l’analyse de la littérature scientifique et du discours médiatique afin de préciser l’amplitude de ces distorsions, leurs causes institutionnelles et leurs conséquences sociales. Ses premiers travaux montrent, avec ceux d’autres auteurs, que ces distorsions apparaissent dès les publications scientifiques et sont amplifiées par les médias ».iii
Clémence est allée à l’une de ses conférences à Bruxelles : « Il a clairement démontré ce jour-là que environ une cinquantaine d ‘expériences menées pour prouver que l’autisme était génétique montraient que non et n’avaient pas été publiées. Mais que les 2 expériences qui démontraient que oui l’avaient été et que notamment ces deux expériences reprenaient un panel bien moins important au niveau du nombre de cas étudiés que la cinquantaine d’autres expériences… » Ce qui tend à prouver l’impact et de la manipulation médiatique et du marketing autour de ces questions.
Écoutons-le.
« Face à ce maigre bilan et à ce futur problématique, le discours de la psychiatrie biologique, tel qu’il s’exprime dans les médias, apparaît exagérément optimiste. Une analyse des discours scientifiques et médiatiques montre que les scientifiques contribuent largement à alimenter cette bulle spéculative. Déjà à l’intérieur des articles scientifiques, il existe souvent un écart entre les observations et les conclusions exprimées notamment dans le résumé. Ensuite, la distorsion des citations entraîne des dogmes non fondés. Enfin, les biais de publication génèrent dans les médias des conclusions erronées. Cette rhétorique spéculative influence le grand public : le pourcentage d’Américains convaincus que la dépression est une maladie du cerveau d’origine génétique est passé de 54 % en 1996 à 67 % en 2006. Contrairement à ce qui était attendu, ceux qui partagent cette conception réductionniste ont une plus forte réaction de rejet vis-à-vis des malades et sont plus pessimistes quant aux possibilités de guérison. Dans les pays riches, la prévalence des maladies mentales est plus élevée chez les plus défavorisés. D’un pays à l’autre, cette prévalence augmente avec l’intensité des inégalités sociales. Selon Daniel Luchins, qui a longtemps dirigé la psychiatrie publique à Chicago, le discours réductionniste de la psychiatrie biologique ne sert qu’à évacuer les questions sociales et à invalider par avance les mesures de prévention des maladies mentales les plus fréquentes. Selon la conception anglo-saxonne de l’égalité démocratique, les citoyens naissent égaux et ne doivent leur réussite sociale qu’à leurs mérites. Cet idéal se heurte à la réalité de l’inégalité sociale, qui est particulièrement forte aux États-Unis et va croissant depuis trois décennies. La fonction sociale du discours abusif de la psychiatrie biologique pourrait donc être de concilier l’idéal d’égalité des chances et la réalité de l’inégalité sociale en suggérant que l’échec des individus ne résulte que de leur handicap neurobiologique. »
Autrement dit, les inégalités sociales, les « pas de chance » et les laisser pour compte ne sont pas les conséquences de l’hyper centralisation des richesses aux mains de quelques-uns et toute politique à caractère social est vouée à l’échec suite au handicap neurobiologique des « malades » qui n’ont pour seul recours que leur pharmacie.
2012, LE « GUIDE DES 4.000 MÉDICAMENTS UTILES, INUTILES OU DANGEREUX » CREE UN SEISME PHARMACEUTIQUE…
« Après les affaires de l’hormone de croissance, du Vioxx, de l’Isoméride, du Mediator, et de plusieurs médicaments retirés du marché en quelques mois, une véritable, mais salutaire inquiétude s’est manifestée dans la population concernant l’utilité et les risques des traitements » nous éclaire le descriptif de vente du « Guide des 4.000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux » des professeurs Philippe Even et Bernard Debréi. « 50% de médicaments inutiles, 20% de mal tolérés, 5% de +potentiellement très dangereux+, mais, incroyable paradoxe, 75% sont remboursés. De 10 à 15 milliards d’euros sont ainsi gaspillés chaque année, sans aucune amélioration de la santé des patients : davantage que le déficit de l’assurance-maladie. La France dépense de 1,3 à 2 fois plus que la plupart de ses voisins européens.ii »
Depuis, qu’est-ce qui a changé ?
Pour le quotidien bruxellois « Le Soir », Claude de Decker fait écho le 17 février 2014i à une étude de Test-Achats. L’agence de défense des consommateurs a passé au crible 4.000 remèdes : « seuls 57 % des médicaments ont clairement démontré leur utilité. Si 27 % ont une utilité limitée, les experts ont des doutes sérieux sur l’efficacité et/ou la sécurité de 460 produits, tandis que 113 sont fermement déconseillés ». L’étude a aussitôt été contestée par la Ministre de la Santé et des Affaires Sociales, Mme Onkelinx au micro de BelRTLii : « « Un médicament est toujours utile. Pour s’appeler médicament, il a dû faire l’objet de toute une série d’études européennes et d’analyses. Un médicament est efficace par nature. Le gros problème, c’est l’automédication pour les médicaments en vente libre. L’automédication peut nuire à la santé, peut être un véritable fléau. Les médicaments ne sont pas des bonbons. Avec un médicament, il y a toujours un risque pour la santé . » « Le Soir » se fait également l’écho de pharma.be : « L’efficacité, la sécurité et le bon usage des médicaments occupent une place primordiale au sein du secteur pharmaceutique », réagit Catherine Rutten, CEO de pharma.be. « Tout au long du cycle de vie d’un médicament, les entreprises pharmaceutiques appliquent les normes les plus strictes en termes de qualité et de sécurité, ainsi que contrôles internes et externes continuels. En dehors de l’industrie pharmaceutique et de l’AFMPS, les médecins et les pharmaciens ont un rôle à jouer dans le suivi des médicaments, notamment dans le reporting des effets secondaires (pharmacovigilance). » « L’AFMPS (Agence fédérale du médicament et des produits de santé) et l’EMA (European Medecines Agency) ont ainsi le pouvoir », explique « Le Soir », « en fonction des rapports effectués, de limiter l’utilisation des médicaments, de les retirer du marché et d’en interdire leur commercialisation. »
« Les médicaments ne sont pas des produits ordinaires. Pour qu’un traitement soit pleinement efficace, il faut qu’il soit administré correctement », ajoute encore pharma.be. L’association rappelle avoir mis en ligne deux sites visant à favoriser le bon usage des médicaments : « www.bonusage.be » et « www.e-notice.be ».
Dans sa « Lettre ouverte au Ministre Onkelinx concernant la database de médicaments de Test-Achatsiii », Test Achats souligne que la Ministre a « à raison, pris l’initiative de contraindre les pharmaciens à suivre une formation permanente. Cette obligation a vu le jour après que diverses enquêtes de Test-Achats aient démontré que la qualité des soins pharmaceutiques laissait à désirer pour beaucoup de pharmaciens. La nécessité de formation scientifique de cette profession est manifeste. »
Concernant les critiques de l’AFMPS : « Nous espérons que le contenu scientifique des preuves dont dispose l’Agence Fédérale des Médicaments et des Produits de Santé (AFMPS) est d’un niveau supérieur, lorsqu’elle affirme que tous les médicaments sur notre marché sont efficaces et sûrs. Cette affirmation est en effet rassurante pour le citoyen, et Test-Achats estime important que le consommateur puisse avoir confiance dans les médicaments. Mais cela ne veut pas dire que le consommateur doit être tenu dans l’ignorance, au contraire. En outre, cette affirmation est difficile à concilier avec l’évaluation de la Commission pour les médicaments à usage humain de l’AFMPS elle-même (17 juin 2011), dans laquelle il est littéralement affirmé qu’il n’existe pas de preuves solides quant à l’efficacité des médicaments contre la toux et le rhume (« cold and cough »). Cette évaluation a notamment mené à la mise sous prescription d’un certain nombre de sirops pour la toux, et à la contre-indication de l’utilisation de certains produits pour les enfants. En outre, l’AFMPS a décidé qu’il n’y aurait (à partir de 2015) plus de place sur notre marché pour les « sirops composés contre la touxiv » En effet, il s’agit ici de sirops contre la toux tels que Toplexil, Nortussine, Pholco-Mereprine, Saintbois, qui se trouvent dans la liste « à déconseiller » de Test-Achats. L’AFMPS serait-elle donc quand même du même avis que Test-Achats ? » L’association de défense des consommateurs va même plus loin : « Prenons un exemple : en mai 2010, Test-Achats écrivait à l’AFMPS concernant les médicaments contre la toux grasse, tels que Siroxyl et Lysomucil. L’agence française des médicaments avait interdit l’utilisation de ces médicaments pour les enfants de moins de deux ans pour cause de sérieuses complications au niveau des voies respiratoires. Il a fallu trois ans ( !) avant que l’AFMPS ne parvienne aux mêmes conclusionsv. Suite à cette constatation, les firmes pharmaceutiques ont obtenu un délai jusqu’à 2014 afin d’introduire un dossier relatif aux modifications demandées. Résultat : quatre ans plus tard, cette information n’est toujours pas reprise sur la notice de plusieurs de ces médicaments. Plusieurs raisons peuvent expliquer cette lenteur, telles que des procédures légales trop lourdes, ou une absence de moyens pour l’AFMPS. Dans sa communication officielle, l’AFMPS ne mentionne aucune de ces possibles raisons. Qu’est-ce que cela cache, se demande Test Achats ? »
Puisqu’il est, implicitement reproché à Test Achats d’informer ses clients quant à l’usage des médicaments, celle-ci conclut : « En conclusion : le Belge moyen prend trop de médicaments pour des affections banales. Tout le monde semble s’accorder à ce sujet et sur le fait que cela constitue un problème grave. La faute est rapidement rejetée du côté du consommateur. Mais quelle est la responsabilité de l’AFMPS et de l’Association Pharmaceutique Belge, qui ne voient apparemment aucun problème dans la délivrance de médicaments qui ne sont rien de plus qu’un placebo, et qui entraînent des effets secondaires ? Et quel rôle joue la publicité omniprésente pour les médicaments en vente libre, qui ne fait que renforcer la perception erronée de plusieurs consommateurs ? Apparemment, cela ne pose pas de problème à l’AFMPS, mais bien à Test-Achats suite aux résultats de son analyse approfondie. Comprendra qui peut.
Nous terminons toutefois avec une note positive : plusieurs associations de médecins ont un autre avis. Domus Medica, du côté flamand, considère la publicité pour les médicaments comme problématique. Le Groupement Belge des Omnipraticiens (GBO) a, suite à l’étude de Test-Achats, affirmé qu’il est intéressant que les citoyens s’interrogent sur la qualité et l’utilité des médicaments à leur dispositionvi. » Sans doute est-ce cela qui lui est finalement reproché ?
Bernard Debré et Philippe Evenvii répondaient déjà à ces critiques lors de la parution de leur livre dénonçant « une politique de santé publique contre-productive, une industrie pharmaceutique, qui invente de moins en moins, principalement préoccupée par le maintien de son chiffre d’affaires, et une élite médicale, parfois complice et silencieuse. »
… 2012, CREATION DE LA TASK FORCE & QUESTIONS
Madame Onkelinx a décidé de saisir le problème à bras le corps et de débusquer ces 21 milliards de dépenses inutiles là où elles se cachent. De ce constat émane une question simple.
Qu’en est-il réellement de l’efficacité et de la crédibilité de ces (auto-)contrôles par l’industrie pharmaceutique, le corps médical et les pouvoirs publiques ? Quid de ce « sas sanitaire » que l’on nous proclame parfaitement étanche, même si quelques imperfections peuvent se produire ?
Un autre constat amène une autre question.
Contre l’avis du syndicat de médecins ABSyM, Madame Onkelinx a décidé le montage d’une loi créant une task force. Un précédent article a démontré que seuls les patients les plus souffrant en étaient injustement victimes. Donc la question est s’il y a des économies à faire, ne faudrait-il pas faire payer à hauteur de leur impact réel sur le public les médicaments présents sur le marché qui, au mieux, sont inutiles voire dangereux ?
En 2012 le livre précité a fait l’effet d’un séisme, tous les médias en ont parlé. Personne ne pouvait déclarer ne pas être au courant, surtout si l’on est en charge justement de la santé de notre population. Pourquoi, je le répète, cette même population serait-elle deux fois victime ? Combien de personnes ont vu leur état s’aggraver par l’effet de ces produits ? En toute impunité ?
Le 20 février 2014 Lalibre.be via BELGA AFPi annonce qu’« Un médicament utilisé contre les nausées et vomissements, la dompéridone (Motilium et génériques), qui serait responsable de 25 à 123 morts subites en 2012 en France, doit être retiré du marché par les autorités sanitaires européennes, selon la revue indépendante Prescrire ». La situation est alarmante. « Environ 7% des adultes ont eu au moins une fois une prescription de ce médicament en 2012, soit environ 3 millions de personnes en France, d’après les données de l’Assurance maladie, note à ce mercredi la revue. (…) En rapprochant les données de remboursements de l’Assurance maladie et la fréquence des morts subites en France, Prescrire estime « que 25 à 120 morts subites sont imputables à la dompéridone en 2012 » en France. On sait que les neuroleptiques exposent aux troubles du rythme cardiaque, rappelle Prescrire. »
2014, LA LISTE INCOMPLÈTE DES MÉDICAMENTS ÉPINGLÉS PAR TEST ACHATS
— pour les médicaments utilisés contre le rhume :
– la plupart des sirops pour la toux : siroxyl, lysomucil, actifed new, nortussine mono…
– la plupart des sprays ou comprimés pour la gorge : medica, orofar, colludol…
– les comprimés de vitamine c, echinacea, inhalo rhinathiol, vicks vaporub
— pour les médicaments prescrits en cas de grippe : tamiflu
— pour les médicaments utilisés pour augmenter l’immunité : broncho-vaxom
— pour les pommades et comprimés contre les douleurs aiguës dans les jambes, les jambes lourdes, crampes nocturnes : daflon, praxilene, reparil…
— pour les médicaments utilisés pour maigrir : alli ou xenical
— pour certains médicaments utilisés en cas de douleurs et d’inflammations : diclofenac (cataflam, diclofenac eg et autres génériques, voltaren…), etoricoxib (arcoxia), meloxicam (meloxicam mylan en andere generieken, mobic), tenoxicam (tilcotil)
— pour les comprimés prescrits contre les troubles de la mémoire : hydergine, braintop, nootropil, piracetam eg et ucb, stugeron
— pour les pommades et suppositoires contre les hémorroïdes : cose-anal, scheriproct…
— pour les laxatifs et autres substances actives en cas de constipation : agiolax, softene
— pour les médicaments utilisé en cas defaible tension : effortil
— pour les médicaments pour l’allergie aux graminés : oralair et grazax.
Médicaments « déconseillés »
Test-achats octroie l’étiquette « à déconseiller » aux médicaments pour lesquels « la balance entre l’efficacité et les effets secondaires est négative » et aux médicaments qui comportent « une combinaison de plusieurs principes actifs, sans que cela ait une valeur ajoutée, et pour lesquels le risque d’effets secondaires ou de réactions allergiques est, dans tous les cas, élevé ».
— pour les médicaments utilisés dans le traitement de l’ostéoporose : protelos – en raison de lourds effets secondaires au niveau du coeur ainsi qu’un risque de formation de caillots dans les vaisseaux sanguins.
— pour les médicaments indiqués en cas de dépression : valdoxan – en raison de risques de troubles sérieux au niveau du foie.
— pour les les somnifères : flunitrazepam eg – en raison de pertes de mémoire, de pertes de conscience et d’abus.
— pour les médicaments utilisés contre le rhume :
– sirops contre la toux contenant plusieurs principes actifs différents : nortussine, pholcomereprine, saintbois
– sirops contre la toux et comprimés contre la sinusite et le rhume contenant un analgésique ou un anti-inflammatoire : toplexil, rhinofebryl, sinutab, niocitran, strepfen
– vaporisateur pour le nez contenant un antibiotique : soframycine, sofraline, sofrasolone
– comprimés pour la gorge et sprays avec antibiotique : locabiotal spray, lemocin en comprimés, tyrothricine – lidocaine
— pour les médicaments utilisés en cas de douleurs et/ou d’inflammation :
– piroxicam (brexine, feldene, piroxicam teva et autres génériques…) : anti-inflammatoire comportant un risque important d’effets secondaires sérieux au niveau de l’appareil digestif et de la peau.
– anti-douleurs contenant différentes substances analgésiques : afebryl, perdolan compositum, troc, excedryn
– anti-douleurs comportant d’importants effets secondaires : buscopan compositum, acupan, novalgine
— pour les pommades chauffantes comportant une combinaison de plusieurs principes actifs utilisées pour les douleurs musculaires et les luxations : rado-salil, emerxil, algipan, reflexspray, algis spray – en raison d’effets secondaires tels que brûlures et réactions allergiques.
— pour les pommades et sprays comportant une combinaison de différents principes actifs, utilisés en cas de démangeaisons et piqûres d’insectes : azaron, caladryl, r-calm, diphamine spray.
LA CULTURE DE LA « MÉDICATION AVANT TOUT ET À TOUS PRIX »
La « médication avant tout et à tous prix, » ainsi que l’explique Clémence, est devenue, depuis plusieurs années, une réelle culture qui, nous l’avons vue, bien qu’omniprésente n’est pas omnisciente. Comme tout, elle a ses défaillances, ses tâtonnements, mais justement, le cadre qu’on lui a fixé est, lui aussi, réfléchi et sert à le canaliser et à en augmenter l’efficacité. Il ne s’agit évidemment pas d’en contester l’entière utilisation, mais de dénoncer sa systématisation au déficit d’autres pratiques qui, bien que demandant du temps n’en sont pas moins efficaces, voire plus efficaces. Mais moins rentables.
« Aux études, un psy, selon qu’il fait un stage dans une institution psychanalytique ou comportementaliste sera tout aussi convaincu des deux. Et ce qu’on observe c’est qu’à l’université on ne parle pas/plus de psychanalyse. Ce sont maintenant des études scientifiques : la psychologie relève de quelque chose de scientifique. C’est très américain comme mouvement. DSM et tout le toutim. Par la suite des formations continues et notamment à l UCL il y a deux modules de deux ans psychiatrie et psychanalyse.
Maintenant, nous sommes d’accord que le principal n’est pas tellement le diagnostic. Et très franchement dans mon travail personnellement les gens qui font des testings et qui sont à la chasse des évaluations des incompétences ou compétences me font bien rire. Est-ce qu’il en faut ? Pourquoi faisons nous des QI ? Pour les remboursements mutuelle, INAMI ? Ils ont besoin que l’on quantifie. C’est bien beau d’étaler ces connaissances mais ensuite ils travaillent à l’envers. Ils vont travailler les symptômes … et mettre le patient face à ses difficultés. Les méthodes ABA, teach, comportementaliste, les méthodes d’apprentissages nient la possibilité des émotions du sujet et de ses propres envies. C’est de l’entêtement, c’est répétitif. Mais c’est plus facile et pour les parents aussi. Ça vient toucher aussi le fondement même de la personnalité des parents d’enfant autiste. et souvent de la Mère. C’est à dire qu’on relève souvent chez les parents l’impossibilité d’accéder aux propres émotions de l’autre. Le parent projette sans arrêt sur son enfant « en général » ce qu’il vit et non pas ce que l’enfant vit. Et donc pour un parent les méthodes comportementalistes répondent à leur problématique comme un miracle, comme quelque chose de plus accessible. Tandis que s’ils consultent un psychanalyste ou un psy qui va commencer à les faire réfléchir sur la manière dont ils pensent leur enfant … ça va les mettre au travail mais ça va venir toucher quelque chose dans leur propre souffrance à eux.
C’est le propre même de la difficulté de reconnaître aussi que nous ne sommes pas tout puissant et nous devons accepter qu’en tant que professionnel il arrive que nous échouons et ce n’est pas grave. La personne autiste ne nous en voudra pas. Ça demande du temps.
Publiez cela et je vais m attirer les foudres… Car pour moi à nouveau, il y a des professionnels (et c’est depuis leurs études, on est bien d’accord que ce n’est pas de leur faute), qui n’ont pas ou plus accès (comme les parents d’enfant autiste finalement) à reconnaître qu’un autiste peut être considéré comme un Sujet. Ces professionnels sont touchés personnellement par ce qu’ils étudient et on sait qu’on ne choisit pas ses études par hasard n’est-ce pas ?
De plus, raconter le mouvement psychique des parents d’enfant atteint d’autisme demande un mémoire complet et je n’ai pas la volonté ni le courage ni la candeur de réaliser de tels propos. Moi je vous le confie parce que cela vous intéresse. Et pour que vous puissiez avoir une idée plus globale de ce qui se passe aussi de mon côté. »
En guise de conclusion, j’aimerais placer cet article en perspective avec le premier portant sur les ravages de la task force sanitaire mise en place par le gouvernement belge dès 2012. Plusieurs constats permettent de tracer un premier bilan provisoire : la mobilisation des associations de soutien aux malades et invalides, ainsi que des professionnels de la santé et des accompagnants s’intensifie. La citation du Dr MOENS président de l’ABSyM, syndicat des médecins, reprise en introduction à cet article, démontre amplement que de nombreux membres du corps médical réfutent et refusent les propositions contenues dans cette loi. Les divers intervenants cités également. C’est à eux, ainsi qu’aux accompagnants, que je m’adresse en particulier aujourd’hui : nous avons besoin de vos témoignages et de vos informations, de votre vigilance également, en respect naturellement des contraintes qui sont les vôtres (secret médical, déontologie…). Parallèlement, une équipe de juristes planche sur la rédaction de la plainte que nous intenterons à la Ligue des Droits de l’Homme contre Madame Onkelinx et Monsieur di Rupo. Entre certaines connivences et complicités certaines, des 25 médias traditionnels, belges et français, à qui j’avais initialement envoyé le dossier, aucun ne m’a répondu, aucun n’a relayé l’information. Sans doute en période (pré)électorale ne fallait-il pas faire de bruits. Maintenant que les élections seront derrière nous quand vous lirez ces lignes, le constat porte également sur le monde politique belge, en ce compris les membres de divers petits partis, surtout dès lors que j’insistais sur mon refus de toute récupération… Je salue par contre les plate-formes citoyennes qui ont parfaitement rempli leur rôle : Agoravox, Alterinfo, Informaction sans oublier Investigaction. (Michel Collon fut le premier à diffuser l’information) et Facebook. Partie visible de cette montagne, mon forum a été entièrement détruit par deux fois depuis la publication du premier article. Perfide ironie, le premier sabotage l’a été via mon compte administrateur…
Ce qui m’a freiné mais n’a pas entamé ma volonté de vous informer et de nous mobiliser : plusieurs témoignages, des informations me sont parvenus, ils doivent à présent être recoupés, vérifiés… Une première équipe de rédaction, bénévole, est en voie de structuration. La machine est donc lancée, je vous remercie de la nourrir avec moi.
i Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux” http://fr.wikipedia.org/wiki/Diagno…
Goeree R, O’Brien BJ, Goering P, Blackhouse G, Agro K, Rhodes A, Watson J. The economic burden of schizophrenia in Canada. Can J Psychiatry 1999 ;44:464-72
Murray CJL, Lopez AD (Eds.). The Global Burden of Disease. Harvard School of Public Health : Cambridge, Mass. 1996.
« Un million de Belges sous antidépresseurs » mar., 06 sept. 2011 09:17 CDT http://fr.sott.net/article/5175-Un-million-de-Belges-sous-antidepresseurs
Le CCDH Comité des Citoyens pour les Droits de l’Homme.
« Tristesse Business : le scandale du DSM 5 »
Une autre de ses interventions fait un tour de la question :
http://www.dragonbleutv.com/documentaires/1-les-troubles-du-spectre-autistiques
http://www.rts.ch/video/emissions/temps-present/3002302-dr-francois-gonon-neurobiologiste-uni-bordeaux-et-charge-de-recherche-au-cnrs-tdah-la-dopamine-en-cause.html
http://www.iscc.cnrs.fr/spip.php?article1480
http://www.amazon.fr/Guide-m%C3%A9dicaments-utiles-inutiles-dangereux/dp/2749121418
http://www.lesoir.be/470006/article/actualite/sciences-et-sante/2014-02-17/liste-des-medicaments-contestables-et-eviter-selon-test-achats
http://www.fagg-afmps.be/fr/news/news_antitussifs.jsp
http://www.fagg-afmps.be/fr/news/news_mucolytiques.jsp
http://www.le-gbo.be/info/140219_Enquete_Test_Achat_medicaments.pdf
iBELGA AFP Publié le jeudi 20 février 2014 à 10h07 – Mis à jour le lundi 24 février 2014 à 21h04 ,