Levothyrox : «Ils ont réveillé le monstre»
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Un an après l’arrivée de la nouvelle formule du Levothyrox, les effets secondaires sont toujours là. L’Association française pour les malades de la thyroïde organise, le 2 mai, un rassemblement à Paris pour faire valoir leurs revendications.
Les témoignages pleuvent, mais face à la détresse, le silence du gouvernement. Au centre des scandales sanitaires, la nouvelle formule du Levothyrox fabriqué par le laboratoire Merck et arrivée sur le marché en mars 2017. Le 11 novembre dernier, l’Association Française des Malades de la Thyroïde (AFMT) tenait d’ailleurs son premier café éponyme à Agen. D’autres ont suivi, mais le mal reste. L’association passe donc à l’étape supérieure en organisant un rassemblement à Paris qui aura lieu le mercredi 2 mai sur la place Edouard-Herriot, proche du siège de l’Assemblée nationale.
Une lassitude générale
Parmi les 3 millions de malades en France, les chiffres de l’abandon de la nouvelle formule sont vertigineux. Un million pour l’association Vivre sans thyroïde, 500 000 pour l’ANSM (Agence nationale de sécurité des médicaments) ; dans tous les cas, beaucoup souffrent de cette nouvelle formule.
«À travers ce rassemblement on veut soutenir les revendications des malades auprès de la ministre, explique Juliette Rosales, responsable Nouvelle-Aquitaine de l’AFMT. Un an après le début de nos problèmes, il n’y a toujours pas de solution.» Les Lot-et-Garonnais qui souhaiteront y participer pourront prendre un bus qui partira de la Grande Halle de l’Union, le 1er mai, à Toulouse, à 21 h 30.
Pacifique, la mobilisation aura lieu dans le cadre de la réunion du comité de suivi de la crise du Levothyrox au ministère de la Santé le même jour à 14h.
«Il y a encore un déni du problème : on aimerait la reconnaissance d’un état de crise sanitaire. Il y a une partie du corps médical qui essaie de comprendre ce qu’il se passe mais une autre partie qui n’écoute pas la souffrance des malades», ajoute Juliette Rosales. «Nous, ce qu’on cherche c’est simplement retrouver une vie paisible… On vivait en paix avec notre maladie avant, ce n’est plus du tout le cas maintenant. La maladie se rappelle sans arrêt à nous, ils ont réveillé le monstre.»
Pour la membre de l’AFMT l’enjeu est simple : «Remettre l’ancienne formule». Une solution qui n‘est actuellement pas envisagée, «parce qu’ils ont investi des millions», déplore l’infirmière de métier.
Pour soutenir le mouvement, plusieurs médecins seront également présents à Paris notamment le Dr Jacques Guillet, conseiller scientifique de l’AFMT présent aux comités de suivi et au Comité technique de pharmacovigilance.
L’association profitera du voyage pour escorter 1 800 dossiers de plaintes supplémentaires.
Pour le départ en bus, réservation au 06 41 90 96 08.
Le chiffre : 4
médicaments > Le choix sur le marché pharmaceutique. Actuellement, les malades de la thyroïde peuvent se tourner vers quatre de ces médicaments : ? Levothyrox : la fameuse nouvelle formule distribuée en France depuis mars 2017 ? L-Thyroxin Henning : ce médicament mis à disposition par Sanofi en Allemagne depuis octobre 2017 a été officiellement autorisé en France en janvier 2018 ? L-Thyroxine gouttes : le médicament sous forme de gouttes a été développé par le laboratoire Serb, une alternative dont il a été difficile d’obtenir une plus grande liberté de prescription selon Juliette Rosales ? Thyrofix : un générique développé par le grec Unipharma et exploité en France par Eurodep Pharma
La crise du Levothyrox
Arrivée sur le marché, il y a un peu plus d’un an, la nouvelle formule du Levothyrox fait toujours autant parler d’elle. Fabriquée à la demande de l’ANSM par le laboratoire Merck, «elle se caractérise par une amélioration de la stabilité en substance active durant toute la durée de conservation du produit et par la suppression d’un excipient à effet notoire, le lactose».
Depuis sa mise à disposition en France, nombre de plaintes ont été enregistrées concernant des effets secondaires. Fatigue, vertige, douleurs musculaires, pertes de cheveux, idées suicidaires… D’après l’ANSM, le pourcentage de patients signalant des effets indésirables avec le Levothyrox est estimé à 0,75 %.