Errances thyroïdiennes
La vie après le changement de formule du lévothyrox
Catégorie : Les médecins et le levothyrox
Des tests en double aveugle pour « clore » l’affaire du Lévothyrox ?
Depuis le début du scandale du Lévothyrox,nous sommes nombreux à chercher sur Internet et sur les réseaux sociaux, des informations pour tenter de savoir si nous pouvons espérer un retour à l’ancienne formule ou à défaut, un médicament mieux supporté que le Lévothyrox qui nous ramènerait à l’équilibre perdu depuis que l’on nous a imposé la nouvelle formule.
Une réunion a eu lieu au Ministère de la Santé, Mardi 13 février à la demande de l’avocate Maître Mathieu accompagnée d’autres avocats et des représentants du monde médical. Le but de ce blog n’est pas de retranscrire les informations (au risque de les déformer) que l’ont peut trouver en suivant les liens qui s’y réfèrent.
Je voudrais cependant revenir sur une information rapportée par le journal « La Voix du Nord » suite à cette entrevue : Une perspective qui a rempli de stupeur les malades de la thyroïde la commentant sur Facebook : Le journal écrit :
« Pour répondre aux inquiétudes des patients dont certains sont toujours victimes d’effets indésirables, « des investigations complémentaires vont être menées dont un test en double aveugle ». Les patients ne sauront pas s’ils prennent l’ancienne ou la nouvelle formule. Les premiers résultats de ces tests sont attendus en fin d’année. «
Vu que nous avons eu la désagréable impression d’avoir été pris comme cobayes dans la mesure où il n’y a qu’ en France que cette formule a été essayée avant d’être étendue à l’Europe, la réaction a été unanime : Nous ne voulions plus être des cobayes.
Des renseignements pris sur Internet m’ont rassurée quant à l’encadrement éthique des essais cliniques en double aveugle. Il impose le consentement éclairé des personnes qu s’y soumettent, donc de volontaires.
À moins d’un cynisme peu probable, nous n’allons donc pas nous faire refourguer à notre insu la nouvelle ou l’ancienne formule en pharmacie en achetant notre médicament. De toute façon, si de ce test clinique ne se situait pas dans le cadre fixé par la loi, on voit mal comment les résultats pourraient être exploités sans qu’il y ait des poursuites judiciaires.
Il est curieux que ce point sensible des tests en double aveugle ne soit pas plus explicite dans d’autres compte-rendus. Dans son « Flash Info Retour de la Réunion au Ministère de la santé« , Maître Mathieu mentionne plus sobrement :
« Comme annoncé dans son rapport déposé le 30 janvier 2018, l’ANSM mène des investigations complémentaires sur les effets indésirables produits sur la nouvelle formule LEVOTHYROX et sur les conditions de conservation du nouveau médicament sous forme de capsules mis sur le marché fin février 2018.
Les premiers résultats seront connus en fin d’année 2018.
Est-ce que ces » investigations complémentaires » incluent le test en double aveugle ?
Au sujet des essais cliniques en double aveugle, il convient de souligner qu’une semaine plus tôt ( 08-02-2018) un Professeur à » effet nocebo notoire« , le Pr Jean-François Bergmann * se montrait sceptique sur la faisabilité de ces essais cliniques en double aveugle :
Après une série de constations proches du déni de ce que vivent les gens confrontés à des effets indésirables, il écrit, histoire de clore ce dossier qui de toute évidence l’énerve :
Alors finalement, la seule façon de clore réellement le débat serait de proposer à quelques centaines de patients qui se sont plaints d’effets indésirables lors de la prise de la nouvelle formulation de Levothyrox, d’entrer dans un essai contrôlé randomisé prospectif en double aveugle où la moitié d’entre eux recevrait l’ancien Levothyrox et l’autre moitié le nouveau Lévothyrox sans, bien évidemment, qu’ils sachent dans quel groupe de traitement ils se trouveraient. On mesurerait alors l’incidence de signes d’intolérance et il serait alors possible d’affirmer avec une relation de causalité évidente qu’il existe ou non une augmentation des effets indésirables avec le nouveau Lévothyrox.
Mais, qui aura le courage ou la folie de faire cette étude et qui accepterait d’y participer ?
C’est en effet une bonne question. Dans un prochain article je tenterai d’expliquer pourquoi ces essais cliniques en double aveugle ne serviraient à rien.
Article de La voix du Nord :
Flash info de Maître Matthieu avocate à Valenciennes :
https://us15.campaign-archive.com/?u=2df02c009df3df6f35adafa7c&id=beadf920c5
Jean François Bergmann est chef du Département de Médecine Interne à l’Hôpital Lariboisière, à Paris et Professeur de thérapeutique à l’Université Paris Diderot. Ancien vice-président de la commission d’Autorisation de Mise sur le marché (AMM)