Lévothyrox : mise en accusation, l’ANSM dément un conflit d’intérêts
La crise (médiatique ou sanitaire ? la question continue aussi de se poser) du Lévothyrox continue. Le site d’information « Les Jours » a dénoncé un conflit d’intérêts entre l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) et le laboratoire Merck, en la personne du Pr Philippe Lechat. L’ANSM affirme avoir suivi toutes les règles.
L’article des « Jours » révèle que c’est le Pr Lechat, alors directeur de l’évaluation des médicaments au sein de l’agence, qui a signé en 2012 le courrier demandant à Merck la modification de formule du Lévothyrox. Mais que le Pr Lechat présente des liens d’intérêt avec Merck puisqu’il a coordonné une étude européenne financée par le laboratoire au début des années 2000 (sur le bisoprolol, sans lien avec le Lévothyrox). Il n’a pas déclaré ce lien d’intérêt à sa prise de fonction à l’ANSM, dénonce « les Jours », parce que quand il est arrivé à l’ANSM, ce type de déclaration n’était pas encore obligatoire (cette obligation datant de 2012).
« En toute indépendance »
Dans un droit de réponse publié à la suite de cet article, l’ANSM précise « que Philippe Lechat n’a jamais travaillé pour le compte du laboratoire Merck au sujet du Lévothyrox » (ce que n’affirme pas l’article des « Jours »). Elle indique surtout que « ces travaux ont cessé en 2004, et ce n’est qu’en 2012 (huit années après) que Philippe Lechat a signé un courrier demandant au laboratoire Merck de resserrer les spécifications du Lévothyrox en vue d’une plus grande stabilité dans le temps de celle-ci. Ainsi, tant les obligations légales applicables en matière de déclaration des liens d’intérêts, qu’un délai de carence de cinq ans, ont été observés » et donc que « les agents de l’AFSSAPS ont à cette époque accompli leur mission d’évaluation du médicament Lévothyrox en toute indépendance et dans le strict respect des règles applicables en matière de déontologie ».
L’article des « Jours » avançait aussi que l’ANSM « se refus (ait) à transmettre » certaines informations sur le sujet du Lévothyrox, reproche que l’ANSM réfute en précisant que la Commission d’accès aux droits administratifs « a émis un avis défavorable et le procureur de la République a interdit à l’agence de transmettre les documents relatifs au Lévothyrox, et saisis par les enquêteurs, afin de préserver le bon déroulement de l’enquête ».
L’influence chinoise ?
Une autre polémique en cours, présentée par « les Jours » et d’autres médias, est celle de la possible influence du marché chinois. Le changement d’excipient entre l’ancienne et la nouvelle formule (passer du lactose au mannitol) aurait d’abord pour objectif de répondre à ce marché, où l’intolérance au lactose est très fréquente – et non pas de stabiliser le Lévothyrox. Le laboratoire Merck, qui a transmis aux journalistes un document répondant aux nombreuses critiques dont il fait l’objet, répond à cette attaque en indiquant que « le médicament qui est distribué aujourd’hui en Chine est l’ancienne formule du Lévothyrox, contenant du lactose et Merck détient déjà une position dominante en Chine depuis 10 ans. Merck n’a pas d’autorisation de mise sur le marché pour la nouvelle formule sur le marché chinois ».