L’île Campbell. (Photo : Ouest France)

Cet arbre vit à plus de 275 km de son congénère le plus proche, tel un ermite. Cette épinette de Sitka, souvent créditée du titre de « l’arbre le plus seul du monde », a été plantée dans les premières années du XXe siècle sur l’île Campbell par Lord Ranfurly, le gouverneur de la Nouvelle-Zélande de l’époque.

Isolé pendant des décennies, cet arbre porte en lui les marques de l’histoire de l’humanité et du début d’un nouvel âge pour la Terre, l’Anthropocène. C’est le chimiste et prix Nobel Paul J. Crutzen qui a généralisé ce terme, désignant la période où les activités humaines ont commencé à laisser une empreinte globale sur la planète.

Pic de radioactivité

Selon une étude publiée dans la revue Scientific Reports le 18 février, un des marqueurs pour définir le début de l’Anthropocène est caractérisé par un pic de radioactivité retrouvé dans des éléments naturels. Cette période démarre donc en 1965, et c’est l’épinette de l’île Campbell qui le dit.

 

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Les scientifiques ont réussi à marquer précisément cette date grâce à des composants radioactifs retrouvés au cœur de l’arbre, issus d’essais de bombes thermonucléaires, réalisés pour leur majorité pendant les années 1960, à des milliers de kilomètres de là.

Ce pic de radioactivité détecté grâce à cette épinette se produit entre octobre et décembre 1965, ce qui correspond à un pic identique retrouvé dans des arbres de l’hémisphère nord de la planète (là où la majorité des essais nucléaires se sont produits) à la même époque.

On aurait pu penser qu’un arbre aussi coupé du monde aurait échappé aux conséquences de ces essais. L’étude montre ainsi l’impact véritablement global sur la planète des tests nucléaires, même sur un habitat aussi reculé.