Tabac et conflit d’intérêts : deux journalistes poussent la patronne des CDC vers la sortie

Bonjour

On peine à imaginer l’équivalent en France. Soit l’histoire américaine, aux frontières du vraisemblable, de Brenda Fitzgerald , 71 ans. Dr Fitzgerald, bardée de diplômes, ayant gravi tous les échelons, que l’on croyait au dessus de tout soupçon. Et qui ne l’était pas. Brenda Fitzgerald qui ne sera restée que sept mois à la tête des puissants Centers for Disease Control and Prevention (CDC) avant d’être démasquée. On lira tous les détails de cette  invraisemblable affaire dans The New York Times : « Dr. Brenda Fitzgerald, C.D.C. Director, Resigns Over Tobacco and Other Investments ». On les retrouve aussi, résumés, sur le site de Medscape (Aude Lecrubier, Alicia Ault) : « La directrice des CDC, prise la main dans le sac, démissionne ». Un sac, en l’espèce, cousu d’or et rempli de tabac et d’actions de toutes sortes.

On lit. On réfléchit. Imaginer l’équivalent en France?  Outre-Atlantique ce scandale est la conséquence des  révélations du magazine Politico sur les liens d’intérêt récurrents de Mme Fitzgerald avec les industries du tabac, de la pharmacie  et de l’industrie agroalimentaire : « Trump’s top health official traded tobacco stock while leading anti-smoking efforts ».

« Brenda Fitzgerald aurait acheté, pendant son mandat, pour des dizaines de milliers de dollars d’actions de Japan Tobacco, Merck &Co, Bayer, Humana et US Food Holding Co. Les journalistes Sarah Karlin-Smith et Brianna Ehley précisent qu’au moment de sa nomination par l’administration Trump, le Dr Fitzgerald détenait déjà des actions de cinq grands cigarettiers Reynolds American, British American Tobacco, Imperial Brands, Philip Morris International et Altria Group Inc. »

 Esprit de lucre

Où situer la frontière qui sépare l’acceptable de ce qui ne l’est plus ? Quand commence ce qui deviendra l’irréparable ? Comment en vient-on à ne plus saisir que l’on marche en dehors des clous de la morale ?

« Il s’agit d’une certaine forme d’inconscience pour un directeur des Centers for Disease Control and Prevention d’acheter des actions à un industriel du tabac un mois après être entré en fonction comme haut représentant de la santé public de la nation », explique le Dr Peter G Lurie, Président du Center for Science in the Public Interest : « CSPI Welcomes Resignation of CDC Director Brenda Fitzgerald ». Inconscience ou esprit de lucre ?

S’interroger sur le psychisme de Mme Fitzgerald ? Sur la levée du surmoi qui aux Etats-Unis conduit à de telles situations ?  « Il y a un conflit intenable entre chercher à faire des profits personnels avec l’industrie du tabac et être un porte-parole crédible sur le tabac et d’autres questions de santé publique », a déclaré à Medscape édition internationale Vince Willmore, vice-président de la « Campagne sans-tabac pour les enfants ».

On réfléchit encore. Un équivalent exister en France ? Vraiment ?

A demain

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