Levothyrox: l’usine Merck de Semoy entre dans la polémique

Lundi 29 janvier 2018 à 6:38Par Jérémy MarillierFrance Bleu Orléans

Même s’il assure ne plus produire ce médicament depuis plus de dix ans à Semoy, Merck considère toujours son site loirétain comme un « site de production potentiel de Levothyrox si nécessaire ». « Lamentable » pour l’Association Française des Malades de la Thyroïde qui en appelle à Emmanuel Macron.

Plusieurs milliers de malades assurent souffrir de graves effets secondaires avec la nouvelle formule du Levothyrox
Plusieurs milliers de malades assurent souffrir de graves effets secondaires avec la nouvelle formule du Levothyrox © Maxppp – Maxppp

Semoy, France

Le site Merck de Semoy entre donc dans la polémique du Levothyrox, ce médicament pour la thyroïde dont la nouvelle version est accusée de provoquer de graves effets secondaires chez certains malades! Depuis mars 2017, ce nouveau Levothyrox est uniquement commercialisé en France par Merck. Aujourd’hui, plusieurs associations de malades se battent pour un retour de l’ancienne version. Merck refuse, affirmant que sa seule usine de production en Allemagne n’a pas les moyens de réalimenter le marché français. Sauf que récemment, des malades français ont découvert qu’une ancienne version du Levothyrox, vendue exclusivement au Maroc, porte la mention « fabriquée à Semoy, en France« .

Une boîte de Levothyrox "ancienne version", fabriquée en juin 2017 et commercialisée au Maroc - Radio France
Une boîte de Levothyrox « ancienne version », fabriquée en juin 2017 et commercialisée au Maroc © Radio France – France Bleu Orléans

« Pas de Levothyrox produit à Semoy depuis plus de dix ans », assure Merck

Merck nous assure que non, on ne produit plus de Levothyrox à Semoy depuis au moins dix ans. Il s’agirait en fait d’une réglementation différente au Maroc qui oblige à inscrire, sur les boites de médicament, les sites de production actifs (en l’occurence, celui de Darmstadt en Allemagne) et les sites de production jugés potentiels lors de l’Autorisation de Mise sur le Marché du produit (Semoy).

« Pas de Levothyrox à Semoy depuis plus de dix ans », Valérie Léto, pharmacien responsable chez Merck Serono

Même s’il n’a aujourd’hui pas les moyens d’en produire, le site loirétain est donc toujours considéré par Merck comme « un site potentiel de production de Levothyrox si nécessaire », ajoute Valérie Léto, pharmacien responsable chez Merck Serono. Semoy apparaît d’ailleurs dans la notice du Levothyrox dans le répertoire de l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament.

La notice du Levothyrox sur le site de l'Agence Nationale de Sécurité du Médicament - Aucun(e)
La notice du Levothyrox sur le site de l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament

« Semoy doit produire à nouveau du Levothyrox », clament les associations de malades

Selon Merck, 90% des personnes prenant du Levothyrox tolèrent aujourd’hui la nouvelle formule, ce qui laisse tout de même de côté 10% de malades, soit environ 300.000 personnes. Entendre aujourd’hui que Semoy est un « site de production potentiel si nécessaire » révolte l’Association Française des Malades de la Thyroïde. L’une de ses coprésidentes, Chantal L’Hoir, en appelle à Emmanuel Macron pour que du Levothyrox ancienne version soit à nouveau produit dans le Loiret et pour que le marché français soit réalimenté.

« Si on peut produire à Semoy, qu’on produise », Chantal L’Hoir, coprésidente de l’AFMT

Le Levothyrox est l’un des médicaments les plus vendus en France. Vendredi dernier, Merck a été assigné en justice par des malades qui souhaitent obtenir des réponses sur cette nouvelle formule si décriée et sur les activités du géant pharmaceutique. La justice doit se prononcer le 23 février prochain.

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