Thyroïde : les risques liés au tabac
La cigarette semble influencer le fonctionnement de la thyroïde, avec pour conséquence le développement plus fréquent de diverses maladies de cette glande.
D’une manière générale, fumer ne vaut rien pour la thyroïde. Les maladies thyroïdiennes semblent plus fréquente chez les fumeurs, les fumeuses et leurs enfants.
Effets du tabac sur la thyroïde
Les goitres (augmentation de volume de la thyroïde) touchent plus souvent les fumeurs. De même, une forme particulière d’hyperthyroïdie, la maladie de Basedow, semble légèrement plus fréquente en cas de tabagisme1. Surtout, les fumeurs atteints de cette maladie sont beaucoup plus nombreux à présenter l’une des complications caractéristiques de la maladie : l’exophtalmie, c’est-à-dire la saillie des globes oculaires hors de l’orbite. Cette complication est par ailleurs souvent plus grave chez les fumeurs.
A l’inverse, les conséquences de l’hypothyroïdie2, notamment l’hypercholestérolémie, semblent plus importantes chez les personnes qui fument, même pour des carences identiques en hormones thyroïdiennes.
Tabac et thyroïde : une altération des hormones thyroïdiennes
Même lorsqu’il n’existe aucun symptôme visible, la fonction thyroïdienne apparaît souvent altérée par la cigarette. Ainsi le tabagisme s’accompagne d’une augmentation de la concentration dans le sang de la protéine qui transporte la thyroxine (aussi appellée hormone T4)3. Or, l’hormone n’est active que sous forme libre, non liée à la protéine transporteuse. Le tabagisme pourrait ainsi conduire la thyroïde à sécréter plus d’hormones, pour obtenir une même quantité d’hormones libres.
Système de régulation de la synthèse des hormones thyroïdiennes
La concentration de TSH, ou thyréostimuline, hormone sécrétée par le cerveau pour stimuler la thyroïde, lorsque la concentration d’hormone est trop faible, est parallèlement diminuée chez les fumeurs.
Thyroïde pendant la grossesse : les fœtus exposés
Même la thyroïde du fœtus et du nourrisson est sensible au tabagisme des parents. Des chercheurs italiens4 ont dosé divers composants thyroïdiens chez des nouveau-nés, puis un an plus tard. Les nouveau-nés dont le père ou les deux parents fumaient avaient beaucoup moins de thyroglobuline, une protéine essentielle à la synthèse des hormones thyroïdiennes. A un an, la différence persistait chez les enfants dont les deux parents fumaient. Malgré cette modification, les concentrations d’hormone thyroïdienne étaient toutefois identiques dans les trois groupes après un an. La croissance et le développement de l’enfant ne semble pas affecté par ce tabagisme passif « in utero », cependant les auteurs recommandent que de plus amples études puissent être menées sur des enfants plus âgés.
Comment agit la cigarette ? Sans doute par le biais du thiocyanate, une substance libérée avec la fumée de tabac, qui agit directement sur la glande thyroïde, en inhibant notamment la capture d’iode. Peut-être aussi par une stimulation du système nerveux sympathique. Mais des travaux restent nécessaires, à la fois pour préciser les conséquences du tabagisme et pour déterminer leur mécanisme.
Mis à jour le 04 mai 2017
Sources :
1 – Acta Endocrinol (Copenh) 1993 Aug;129(2):147-50 ; The New England Journal of Medicine1995, 12 oct, 333: 964-969 ; Jama, 1993; 269: 479-82
2 – The New England Journal of Medicine1995, 12 oct, 333: 964-969.
3 – Int J Epidemiol 1997 Oct;26(5):972-7 Ugeskr Laeger 1995 Jul 10;157(28):4019-22
4 – Eur J Endocrinol 1998 Apr;138(4):379-82
5 – Epidemiology 2000 Jan;11(1):49-5