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Le traitement par iode 131 affecte-t-il la fertilité féminine ?

Par Solange GRUNENWALD et Sophie CHRISTIN-MAITRE

Karen Tordjman de Tel Aviv nous a présenté les résultats d’une étude pilote sur l’évolution de la réserve ovarienne après traitement par Iode-131, évaluée par le dosage de l’AMH. Les cancers thyroïdiens sont de plus en plus fréquents, ils touchent une majorité de femmes dont environ 45 % sont en âge de procréer. La majorité de ces cancers sont de bon voire de très bon pronostic et les patients n’auront besoin d’aucune ou d’une faible dose d’I-131. Pour les autres, la question du retentissement sur la fertilité de doses plus importantes d’I-131 se pose.
Il est connu que le traitement par I-131 induit transitoirement chez l’homme une diminution de la spermatogénèse, une diminution de l’inhibine et une élévation de la LH, proportionnellement à la dose reçue. Un recueil de sperme peut être proposé au patient masculin surtout si de fortes doses d’I-131 sont prévues.
Chez la femme ont été décrits des troubles des règles, une augmentation du temps de conception et un âge de ménopause plus précoce. Afin d’évaluer la réserve ovarienne, les auteurs ont mesuré les taux circulants d’AMH. En effet, cette hormone est un marqueur de réserve ovarienne stable au long du cycle et interprétable lors de la prise d’une contraception œstroprogestative, en sachant que le taux est souvent minoré sous pilule.
Cette étude prospective a été menée chez 19 femmes de 33 ans (18-45 ans) traitées en moyenne par 110 mCi (30 à 150 mCi) d’I-131 pour un cancer thyroïdien. L’AMH a été dosée avant traitement puis tous les 3 mois pendant 1 an. Une diminution de 45 % des valeurs d’AMH a été observée à 3 mois puis une récupération incomplète à 6 mois. Cette récupération est restée stable sur le reste de la durée du suivi mais à une valeur inférieure de 18 % à la valeur pre-thérapeutique. Cette diminution de l’AMH n’est pas retrouvée chez les 4 femmes ayant eu de faibles doses (30 mCi) ni chez 5 patientes traitées pour une maladie de Basedow avec des doses encore plus faibles.
Cette étude préliminaire suggère un effet potentiel du traitement par 100mCi d’I131, sur la réserve ovarienne. Cet effet serait précoce et non totalement réversible. Néanmoins le faible effectif, le suivi très court et l’absence de données cliniques sur la fécondité ultérieure ne permettent pas de conclure sur le retentissement du traitement par de fortes doses d’I-131 sur la fertilité.

OR22-6
High Dose Radioiodine Therapy Affects Ovarian Reserve in Women with Differentiated Thyroid Cancer

Iris Yaish, MD1, Foad Azem, MD2, Merav Serebro, MD3, Gabi Shefer, PhD4, Rona Limor, PhD1, Sivan Shamai, MD5, Orit Gutfeld, MD5, Naftali Stern, MD6 and Karen Michele Tordjman, MD6, (1)Institute of Endocrinology, Metabolism, and Hypertension, Tel Aviv Sourasky Medical Center, Tel Aviv, Israel

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Coordonnateur
Pr Guillaume Assié (Paris)

Rédacteurs
Pr Sophie Christin-Maître (Paris)
Dr Christine Cortet Rudelli (Lille)
Dr Thomas Cuny (Nancy)
Pr Brigitte Delemer (Reims)
Pr Blandine Gatta Cherifi (Bordeaux)
Dr Solange Grunenwald (Toulouse)
Pr Patrice Rodien (Angers)

Attention, ceci est un compte-rendu de congrès et/ou un recueil de résumés de communications de congrès dont l’objectif est de fournir des informations sur l’état actuel de la recherche ; ainsi, les données présentées sont susceptibles de ne pas être validées par les autorités de santé françaises et ne doivent donc pas être mises en pratique.
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