Les symptômes de la thyroïdite d’HASHIMOTO (Dr J.Guillet)

La thyroïdite de Hashimoto est connue depuis près d’un siècle. Elle porte le nom du japonais qui en a décrit, le premier, les caractéristiques histologiques, c’est à dire l’aspect du tissu thyroïdien malade vu au microscope. Elle est plus fréquente qu’on ne le croit généralement. La biologie permet d’en évoquer le diagnostic chez environ 20% des patients souffrant d’une maladie thyroïdiennes connue, que ce soit une augmentation notable du volume de la glande ou une hypothyroïdie. Mais il existe aussi des formes frustes.

QUELLE EN EST LA CAUSE ?

Un terrain génétique particulier paraît en être un facteur favorisant. En effet, cette maladie est assez fréquemment familiale. Les facteurs déclenchant ne sont pas encore clairement définis. Mais la biologie permet de constater les signes d’un dérèglement très partiel du système de défense immunitaire. Normalement, un microbe agresseur qui pénètre dans l’organisme attire les globules blancs qui se chargent de le fragiliser, en particulier, en fabriquant des substances qui vont aider à le détruire, les anticorps. Parfois, il se trompe et agit en fabriquant des anticorps dirigés contre la thyroïde. Parmi les hypothèses, la plus simple à imaginer est que certaines parties des microbes agresseurs peuvent ressembler à des parties fragiles des cellules de la glande thyroïde. Les anticorps agiraient alors en fragilisant non seulement le microbe, mais aussi la glande thyroïde. Par la suite, le système immunitaire ainsi déréglé continue à produire des anticorps en agissant sur les cellules thyroïdiennes pour des microbes. Il en résulte des anomalies du fonctionnement de la glande. Elle augmente de volume et produit moins d’hormones thyroïdiennes. Ces anticorps antithyroïdiens sont spécifiques de deux sites des cellules thyroïdiennes. L’un est la thyropéroxydase, qui sert à la fabrication d’hormones. L’autre est la thyroglobuline, qui est, à l’intérieur de vésicules, dans la glande, plutôt une forme de stockage des hormones thyroïdiennes ou de leur précurseur. Les anticorps anti-thyropéroxydase et les anticorps antithyroglobuline sont dosables dans le sang. Lors de thyroïdite de Hashimoto, leur concentration est élevée, dans presque tous les cas, avec les techniques de dosages les plus modernes. On constate alors une concentration élevée soit d’anticorps antithyropéroxydase, soit d’anticorps antithyroglobuline, soit les deux à la fois.

ÉVOLUTION SPONTANÉE

Progressivement, la thyroïde augmente de volume, parfois très lentement, en tout cas pas forcément de façon très importante au début. Les signes d’une insuffisance de fonctionnement surviennent en général dans un deuxième temps : fatigue, difficulté à réaliser ce qu’on faisait quelques mois auparavant sans peine, frilosité, prise de poids, constipation, cœur battant un peu plus lentement qu’habituellement. Mais au début, tous ce signes peuvent être dissociés. De plus, ils existent dans bien d’autres maladies et n’ont pas de spécificité. C’est pourquoi les dosages hormonaux thyroïdiens sont indispensables au diagnostic. Moins fréquemment, les thyroïdites auto-immunes, groupe dans lequel se trouve la thyroïdite de Hashimoto, peuvent induire une libération excessive d’hormones, donnant des signes inverses : énervement, amaigrissement, battements cardiaques rapides, sensation d’avoir toujours trop chaud, sont de bons indices. La conjonction onction de tous ces signes et de quelques autres, moins évidents, correspond à une hyperthyroïdie. Mais, là aussi, notamment au début, il existe des formes trompeuses, frustes. Aussi, les dosages hormonaux sont-ils indispensables.

QUELS DOSAGES HORMONAUX ?

Le médecin peut prescrire le dosage de trois hormones différentes. La TSH est la plus fréquemment prescrite. Son nom provient des premières lettres du mot anglais thyréostimuline hormone. Elle est fabriquée par l’hypophyse, une glande au bas du cerveau. Son rôle est de stimuler la thyroïde afin qu’elle produise davantage d’hormones thyroïdiennes. Aussi, quand la production d’hormones thyroïdiennes est insuffisante, la TSH s’élève. Pour plus de fiabilité ou pour mieux évaluer l’importance de l’hypothyroïdie, l’hormone thyroïdienne qui est la plus fréquemment dosée est la T4. Le chiffre 4 vient du fait qu’une molécule de T4 contient 4 atomes d’iode. Du reste, l’un de ces noms est la tétraiodothyronine. Le nom le plus fréquemment utilisé est la thyroxine. Une autre hormone est également dosable, la T3 ou triodothyronine. Sa concentration est généralement moins affectée lors de thyroïdite de Hashimoto. Elle n’est donc pas toujours dosée. Dans les formes moins typiques, la maladie thyroïdiennes auto-immune peut fluctuer : la libération d’hormones peut se trouver majorée de façon fruste, induisant une diminution de la concentration par la TSH.

VOTRE MEDECIN ET L’EVOLUTION DE LA CONCENTRATION DES HORMONES ET DES ANTICORPS ANTITHYROIDIENS

L’évolution de la concentration de la TSH et de la T4 essentiellement, parfois aussi de la T3, éclaire votre médecin pour adapter le meilleur traitement possible à votre situation particulière. Il peut aussi s’appuyer sur les variations de concentration d’anticorps, témoins de l’agressivité de la maladie thyroïdienne auto- immune responsable de la thyroïdite de Hashimoto, pour mieux cerner ce qui se passe lorsque la maladie paraît instable ou l’évolution inhabituelle. Le traitement permet de mener une vie normale, avec très peu d’inconvénients. Dans la plupart des cas, un traitement par T4 est institué. Il s’agit strictement de la même hormone que celle que produit la glande thyroïde. Son rôle est simplement de compenser l’insuffisance de production de la glande. Il ne s’agit donc pas d’un traitement contre une maladie, mais d’une compensation d’un déficit de l’organisme. Donnée au début, à doses appropriées, elle permet à la glande qui souffre, sous l’agression auto-immune, de se ‘reposer’ un peu. Ce faisant, la TSH cesse de la stimuler de façon excessive. Si le diagnostic est porté tôt alors que la glande n’est pas trop volumineuse, les conditions sont réunies pour que son volume cesse d’augmenter, voire même qu’il diminue pour se rapprocher de la normale, voire se normaliser. Pour obtenir un bon résultat, il faut prendre la quantité de médicaments prescrite, déterminée et adaptée au fur et à mesure de l’évolution, d’après les résultats des dosages et d’autres examens, comme l’échographie ou la scintigraphie, et les renseignements que vous donnez à votre médecin. En prendre plus serait inutile, voire même toxique à fortes doses, vous exposant à créer artificiellement une situation d’hyperthyroïdie. En prendre moins serait insuffisamment efficace, vous exposant à ce que la fatigue et la tendance à l’obésité persistent. Dans les deux cas, par des mécanismes différents, plus tard, votre cœur pourrait en souffrir. Une croyance répandue, mais fausse, consiste à penser que l’apport de T4, lors d’hypothyroïdie par thyroïdite de Hashimoto ferait grossir. Une telle croyance est totalement infondée pour les raisons expliquées plus haut. L’excès d’hormones thyroïdiennes fait au contraire maigrir.

CONCLUSION :

L’amélioration de la sensibilité des moyens diagnostiques, notamment des dosages, permet d’éviter d’avoir à souffrir d’une maladie qui, autrefois, était généralement diagnostiquée de façon tardive. Très souvent, l’augmentation du volume de la glande thyroïde, c’est à dire le goitre, était importante et l’hypothyroïdie cliniquement évidente. La précocité du diagnostic et la mise en route, suffisamment tôt, du traitement, évitent que soi-même ou l’entourage n’ait à souffrir de cette maladie dont l’installation souvent insidieuse la rend difficilement compréhensible pour beaucoup de malades. Le traitement, très simple et sans effet secondaire. Il permet de mener une vie normale.
Dr Jacques GUILLET

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