Bizarre vous avez dit bizarre….
Au 31 mars on pouvait lire : A ce jour
La juge d’instruction chargée du dossier de Tchernobyl, Marie-Odile Bertella-Geffroy, a été suspendue par la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris, une procédure assez rare. Depuis 2002, une instruction est ouverte, 650 plaignants se sont portés partie civile, dont l’Association française des malades de la thyroïde (AFMT) et la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (Criirad). Le professeur Pierre Pellerin, responsable du Service central de protection contre les rayonnements ionisants (SCPRI) en 1986, est mis en examen pour «tromperie aggravée» parce qu’il n’a pas alerté du danger de la radioactivité. Il a demandé un non-lieu, refusé par la juge d’instruction. Il fait donc appel, soutenu par le parquet : l’audience aura lieu le 31 mars. Et la présidente de la chambre de l’instruction a décidé de suspendre tous les actes de la juge Bertella-Geffroy dans l’attente de la décision. C’est-à-dire dans plusieurs mois. «Cette attitude vise à étouffer l’instruction pénale portant sur la problématique majeure de la communication officielle en direction des populations lors des catastrophes nucléaires, ce qui est absolument intolérable», estime Chantal L’Hoir, la coprésidente de l’AFMT, Journal Libération
Le 7 septembre la cour prononcera son verdict quant au procès
Nous ne pouvons pas accepter de voir des malades prendre gratuitement les forces de l’ordre sur le trognon comme le 31 mars donc volontairement nous ne serons pas là à Paris le 7 septembre, nous espérons seulement que la mémoire jouera dans le choix électoral de 2012
Tout en sachant au travers de madame LAUVERGEON que nous ne devons pas espérer dans une certaine gauche non plus…. Pauvre démocratie, en période de crise elle prend des gifles…
(Areva est un groupe industriel français spécialisé dans les métiers de l’énergie électrique d’origine nucléaire. Cette entreprise est présente au niveau international avec un réseau commercial dans 43 pays.)
L’association Française des malades de la Thyroïde est écœurée de cette situation d’autant plus que nous avons des nouvelles de Fukushima qui va dans notre sens
DIRECTRICE DE LA REDACTION DE SCIENCES & AVENIR
Dominique Leglu
« FUKUSHIMA (suite 41) « La grande leçon de Fukushima pour la France »
05.08.2011
FUKUSHIMA (suite 42) 2 millions de personnes suivies médicalement pendant trente ans !
Vendredi 5 août. A la veille de la commémoration du 6 août 1945, date de l’explosion de la bombe d’Hiroshima, c’est une annonce extraordinaire concernant plus de 2 millions de personnes à Fukushima, que rapporte notre confrère spécialisé « Science » dans son dernier numéro daté du 5 août (1). Nous nous permettons ici de traduire quelques éléments du premier paragraphe de l’auteur Dennis Normile. « Les chercheurs [à Fukushima] vont lancer une étude épidémiologique parmi les plus ambitieuses jamais menées sur les effets des radiations à faibles doses […] (2) La population ciblée comprend tous les résidents de la préfecture de Fukushima, soit plus de 2 millions de personnes». Et cette étude va durer (au moins) « trente ans » (2). De surcroît « tous les 380 000 jeunes de moins de 18 ans recevront un examen de la thyroïde ». On sait en effet que l’iode radioactif émis par la centrale puis inhalé a pu aller se fixer sur cette glande, et entraîner une irradiation pouvant provoquer, à terme, le développement d’un cancer. Notre confrère précise par ailleurs que le plan a été dévoilé, « par la préfecture de Fukushima le 24 juillet » lors d’une réunion spéciale. Sachant que le 25 juillet, au niveau national, a été annoncée l’attribution d’un budget d’1,2 milliard de dollars pour la santé publique et des études à long terme.
Sciencea ensuite mené une longue interview sur deux pages avec le directeur de cette étude au très long cours, Seiji Yasumura, 52 ans, gérontologue à l’université de médecine de Fukushima. Nous ne saurions la paraphraser, mais nous retiendrons de l’entretien que pour le Dr Seiji Yasumura, en menant cette étude, plus que faire de la recherche « pure », il est question, en priorité, d’évaluer les besoins sanitaires. Il semble évident, dans le même temps, qu’une pareille étude va apporter des éléments précieux de compréhension des effets de la radioactivité. Comme il le dit très clairement dans une de ses réponses : « Confirmer que les faibles doses ont des effets ou pas [sur l’organisme] est une des missions [de cette analyse]. » Encore faudra-t-il que les résultats en soient communiqués. Et l’on sait bien à quel point les enquêtes épidémiologiques sont difficiles, longues et … souvent controversées. Ainsi, avant que l’on puisse affirmer clairement telle ou telle relation de cause à effet (exemple : tel niveau de radiation a entraîné tel type de cancer), il faut un traitement très sérieux des données globales. Et que leur pertinence soit bien mise en évidence. On sait, par exemple, à quel point a été contestée, ces dernières années, l’utilisation des données post-Hiroshima (sur l’effet des radiations), considérées par beaucoup comme non pertinentes pour la compréhension de l’effet de « faibles doses » de radioactivité sur l’organisme. L’annonce que vient de rapporter notre confrère Science, où il est par ailleurs question de soutien « mental » pour ceux qui en auraient besoin, peut cependant rassurer un peu. Après cette catastrophe – qui dure encore, et dont il est bien difficile de dire quand elle s’arrêtera – dans un pays hautement technologique et doté d’hôpitaux de haut niveau, la population, particulièrement meurtrie autour de la centrale, sait qu’elle va bénéficier d’un suivi (4). Qu’elle n’est pas abandonnée dans l’indifférence. Mais il va certainement falloir beaucoup de courage aux médecins quand il s’agira un jour, pour eux, de faire connaître leurs résultats, en toute indépendance.
P.S. : A noter par ailleurs aujourd’hui, le limogeage de trois personnages importants : le chef de l’Agence pour l’énergie, le directeur de l’Agence de sûreté industrielle et nucléaire et un vice-ministre du ministère de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie (Meti) qui supervise ces agences. L’onde de choc de la catastrophe produit graduellement ses effets politiques.
1) Vol. 333 no. 6043 pp. 684-685. Le magazine américain Science, un des journaux scientifiques les plus influents au monde est édité par l’Association américaine pour l’avancement des sciences(AAAS). http://www.sciencemag.org/content/333/6043/684.short
2) A lire dans le prochain numéro de Sciences et Avenir n°775 (sortie le 25 août), 4 pages sur la question controversée des « normes » en matière de radioactivité, en particulier l’épineuse question des faibles doses.
3) Comme annoncé dans le titre anglais : « Fukushima begins 30-year odyssey in radiation health ».
4) Dans la note de blog précédente (Fukushima (suite 41)), nous nous interrogions : « On ne sait pas non plus ce qui va advenir de dizaines voire centaines de milliers de personnes ayant subi cette radioactivité (maladies, évacuation sans espoir de retour…). »